L’accouchement césarisé étant maintenant fait , je devais faire une femme de moi et passer par-dessus parce que mon bébé était donc beau et en santé qu’on me disait. Fait que la grande, avale ta pilule pis ravale tes larmes et arrête de te plaindre! Par contre, la vie étant ce qu’elle est, le processus de guérison n’était pas aussi simple. J’aurais bien aimé, tout aurait été tellement plus facile. Mais non. Tout d’abord parce que le mal physique te rappelle minute après minute, jour après jour le calvaire que tu as vécu. Du genre, ma belle, tien toi le ventre quand tu vas éternuer parce que tu vas avoir l’impression qu’il va ouvrir pour une seconde fois. Ou ben donc, tu vas devoir rouler pour te sortir de ton lit le matin. Bref, t’es en convalescence d’une opération tout en essayant tant bien que mal de ne pas friser des orteils en allaitant ton nouveau-né mais la populace autour de toi manque d’empathie parce que tu as JUSTE eu une césarienne pis ben 25% des femmes en ont une, fait que… ( Nous pouvons donc redire ”la grande avale ta pilule pis ravale tes larmes” bref tu connais la suite).
Le temps file et il fait son œuvre. J’ai beaucoup lu. Principalement des témoignages et des femmes qui se sont fait voler leur accouchement, y’en a plein, mais c’est donc mal vu de se plaindre quand ta un petit paquet plein de vie et en santé à tes côtés. Se plaindre le ventre plein, qu’on dit. Ce qui m’a aidé dans mon processus de guérison a été de parler, parler et encore parler et de pleurer. Mon chum était ben bon là-dedans pour m’écouter, il a de grandes oreilles.
Le temps continu de filer , ma Supergirl a maintenant 17 mois et bébé troisième, de son prénom a élu domicile dans mon ventre. Je suis prête pour l’avac!
Évidement j’ai un suivi sage-femme et encore une fois j’ai une grossesse sans grande péripéties. Je fais beaucoup de visualisation et je m’occupe de ma marmaille. Je vais couper court pour ce paragraphe. 3-4-5-6-7-8 et 9 mois s’écoulent donc.
Et un bon matin d’octobre, après 2-3 faux travail, c’était maintenant THE DAY. Après 1 semaine dilaté à 5 ça ne pouvait que faire autrement! J’étais plus que prête, et rajoute à ça un bébé surprise, on était comme des fous dans une poche, tout excité de découvrir ENFIN notre troisième progéniture.
L’accouchement
Je n’ai jamais été stressé d’accoucher. J’ADORE accoucher, je le ferais à tous les jours. Le petit thrill de savoir qu’on va rencontrer notre bébé après 9 mois, je trouve cette émotion magique, presque surréelle. Bref, les contractions vont bon train mais comme c’est un avac, et que je suis sujette à un protocole plus serré (même en maison de naissance) je me fais constamment sortir de ma bulle et ça, ben ça me fatigue ben gros. Je voudrais juste être seule avec moi-même et je ne peux pas. Fait que, j’ai mal, je respire et tout est sous contrôle mais le travail est long. Très long. Cette fois-ci c’est la chanson Volcano de Damien Rice qui berce mon accouchement. Bébé en postérieur, mal placé je dois faire tout plein de légendaires positions de Gasquet afin qu’il trouve la sortie. Ma sage-femme est patiente, plus qu’elle le devrait. Après 2 heures de poussés, le cauchemar prise 2 commence. Une mare de sang digne de Walking Dead se met à jaillir et là, la panique s’installe. Le pronostic balance entre décollement placentaire ou rupture utérine, genre qu’aucun des deux est génial à entendre lors de ton accouchement.
Je pense que l’ambulance est arrivé aussi vite que la Batmobile et moi, pour une énième fois je braille (Pour celles qui ont évacué leur progéniture à frette, faites juste imaginer les poussées les jambes collées ensemble et attachées sur une civière. Merci de compatir avec moi). La vie étant encore ce qu’elle est, elle me souriait malgré tout. La balade d’ambulance plus ou moins paisible a eu un effet inespéré. Elle a fait descendre bébé, comme si nous nous disions ensemble ”c’est maintenant ou jamais, envoye faut que ça sorte!”
Et encore la vie étant ce qu’elle est, comme le petit cœur a toujours été beau et que la gynéco était pro-avac, elle m’a accueilli en me laissant faire tout le travail. Je me souviens de lui avoir FORTEMENT recommandé de finir mon supplice avec un quelconque machin, forceps, ventouse, mains nues, va juste le chercher please! Mais non, elle m’a dit LA phrase ” tu vas l’accoucher toute seule ton bébé, t’es capable” elle n’aurait franchement pas pu mieux dire.
Bébé surprise est donc né , dans une salle d’accouchement d’une mère qui ignorait qu’elle avait toute cette force en elle. Pis moi ben je braillais, encore, mais de joie, d’avoir réussi, et je remerciais Pierre Jean Jacques au passage. J’étais sur un nuage, je l’avais fait, j’avais réussi toute seule telle une Supermom. L’euphorie passée, il n’était pas question que je dorme icitte, je me sentais fraîche comme rose, fait qu’ on est reparti à l’aube manger nos fruits à la maison de naissance comme des champions.
Voilà mon avac.
Magnifique accouchement malgré tout et à l’image de mon fils, haut-en-couleur! Je peux maintenant boucler la boucle des épisodes ”maternité” de ma vie.
Crédit photo: Marie-Ève Falardeau